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16 novembre 2023, séance 3 : L'écosystème des arts vivants sous le prisme des épreuves à traverser

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La première séance de travail avait fait émerger plusieurs points, caractéristiques des arts visuels et/ou symptomatiques d’une situation insatisfaisante dans laquelle l’écosystème se trouve actuellement.


Nous avions dégagé plusieurs thématiques à partir des propos des participants :

  • Le caractère protéiforme du travail artistique : statut, multi-activité, temps et type de travail variés souvent invisibilisés ou encore, l’absence d’organisation de filière.

  • La question de la valeur : la rémunération, les intermédiaires et la chaîne de valeur avait été évoquée. (Modèle de la chaîne qui sera critiquée en séance 2.)

  • La composition du travail artistique : la question du réseau, les interactions au sein de l’écosystème, le rôle des politiques publiques.


La deuxième séance de travail a été axée tout particulièrement sur : l’écosystème, place et rôle de chacun.e.


Nous avions relevé des termes tels que :

- « Interdépendance » entre des acteurs du champ des arts visuels ;

- « Superposition », « emboîtement » et parfois « incompatibilité » des écosystèmes avec l'idée d'un désajustement entre le travail artistique et l’organisation professionnelle ;

- « Chaîne de la valeur » souvent requestionnée pour répondre aux spécificités des arts visuels ;

- « Coopération », «redistribution », «mutualisation », «collectifs » ;

- «Invisibilité du travail » ;

- « Environnement protéiforme ».


La séance 2 avait fait émerger quelques éléments récurrents sur cette question de l’écosystème et sur les places des différents acteurs.

- difficulté à choisir un rôle à cause de la multi-activité (« plusieurs casquettes ») ;

- critique du modèle linéaire et hiérarchique de la chaîne de valeur pour préférer un schéma circulaire ;

- difficulté pour les intermédiaires de se positionner clairement sur la chaîne/le cercle de valeur ;

- la prise en compte de la formation dans la chaîne de valeur ;

- l’importance des temps et des espaces dédiés à la recherche au sein de ce cercle.



À ce stade, nous avons pu dégager 4 grands axes à travailler :

  1. L’économie : quelle économie est à l’œuvre et quelle(s) économie(s) sont en jeu, sont à penser pour l’écosystème des arts visuels ?

  2. Les politiques publiques : quelle est la posture actuelle des politiques publiques et quels changements de paradigme souhaiter et envisager ?

  3. Le réseau : comprendre les articulations entre les divers rouages de l’écosystème et repérer les endroits et les raisons de certaines jonctions et disjonctions ;

  4. Les fonctions intermédiaires : rôle et place des métiers qualifiés d’intermédiaires au sein de l’écosystème ;

L’exemple de l’accompagnement : poids et fonctions de la figure de l’accompagnant dans l’écosystème



Certains de ces axes ont pu faire l'objet de focus proposés par Françoise Liot et Géraldine Moreau, exposés et mis en discussion avec le groupe de travail.




📖 Lire le Focus sur le réseau et, plus spécifiquement, sur la notion de collaboration.




📖 Lire le Focus sur l'accompagnement.








Le coeur de la séance 3 : travailler sur la notion d'épreuve (selon Danilo Martuccelli)


📖 Retrouvez l'article : Martuccelli, Danilo (2009), « Qu’est-ce qu’une sociologie de l’individu moderne ? Pour quoi, pour qui, comment ? », Sociologie et sociétés, 41(1), 15–33.


La notion d’épreuve revient régulièrement dans la littérature. La vie est décrite comme une suite d’épreuves, une quête, une résistance. À travers l’épreuve c’est une esthétique de l’existence qui est posée. Mais l’épreuve est aussi un moyen de connaissance, l’individu se forme, la vie est un défi avec ses facilitateurs et ses obstacles. L’individus se définit par les épreuves, dans la conflictualité. À travers le récit des épreuves individuelles, on peut saisir comment des systèmes fonctionnent.


Les consignes de mise au travail :

  • Identifier 3 épreuves professionnelles par groupe qui paraissent significatives

  • Mettre en récit ces 3 épreuves en suivant le chemin suivant :


    La formation de l’épreuve ➡️ Le nœud ➡️ Les acteurs opposés/alliés ➡️ les leviers d’action ➡️ la résolution



Restitution des récits des épreuves


Les participants, répartis en trois groupes, ont évoqué :


L’épreuve du temps : comment les artistes parviennent-ils à durer, à « tenir la distance » ? Comment construire dans la durée ? Comment faire exister une démarche artistique et l’inscrire dans l’histoire de l’art ? L’artiste doit être un « martinet noir » qui peut voler longtemps. Durer c’est réussir.


La sortie de l’école d’art comme épreuve : Comment présenter son travail ? Personne ne nous attend et aucun chemin n’est tracé d’avance. Il est nécessaire d’être proactif, de prendre conscience que la compétence n’est pas seulement dans la création. Il faut faire avec un premier cercle, les prof, les amis et construire des solidarités. Le collectif est un deuxième cercle. La construction d’une trajectoire est importante, elle passe par une logique d’anticipation et de projection dans l’avenir. Ne pas négliger les « petites portes ». André Gide : les étapes microscopiques sont peut-être les plus importantes.


L’épreuve du refus d’une œuvre dans une biennale municipale : le jour du vernissage, une partie de l’équipe municipale demande le retrait d’une œuvre qui recouvre un Christ. L’épreuve interroge la liberté d’expression et la censure. Elle interroge ce que signifie la dépendance financière à la mairie et le pouvoir municipal. Elle met en scène des personnes à la légitimité différente. Un rapport hiérarchique se créé, un rapport de pouvoir se joue, renforcé par le fait qu’artiste et commissaire sont des femmes et de jeunes femmes. Cette épreuve pose la question de la reconnaissance du travail artistique. C’est l’alliance entre l’artiste et le commissaire qui permet de dépasser le conflit. L’épreuve montre l’importance des intermédiaires.






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